Pourquoi l'économie marocaine s'en sort plutôt bien?


Entre 2007 et 2011, le taux de croissance du PIB s'est maintenu à une moyenne de 4.3% en dépit de la crise mondiale, et le PIB agricole reste sur un bon trend. La dette du Trésor reste maîtrisée à 50% du PIB et le déficit budgétaire ne provient pas d'un dérapage des dépenses de l'Etat.
Ce n’est pas la bérézina théorisée par les Cassandre. Trois ans après le déclenchement de la crise financière, puis économique, mondiale, et alors que le rythme moyen annuel de croissance de l’économie européenne, notre principal partenaire, reste à des niveaux qui n’atteignent même pas le 1%, l’économie marocaine semble digérer le choc des incertitudes et des aléas. Et des aléas il y en a eu. Recul de la demande étrangère adressée au Maroc, flambée du cours des matières premières, fluctuation des recettes touristiques ainsi que les transferts des MRE, le tout accompagné par des pressions sur les finances publiques. Au cours des cinq dernières années, l’Etat a opéré deux baisses de l’IR et une baisse de l’IS qui se sont soldés par un manque à gagner en milliards de DH en termes de recettes. Le dialogue social a également pesé sur les comptes avec une facture par deux fois alourdie (2007 et 2011) et devant la hausse des prix des matières premières, l’Etat a opéré le choix politique de soutenir les prix comme avant, dans un contexte où tout les pays se sont résolus à appliquer la vérité des prix, austérité oblige.

Un taux de chômage en baisse dans un environnement mondial perturbé

Le résultat de tout cela ? Pas si mal que beaucoup le pensent. Car, il convient de le souligner, dans l’ensemble, les finances de l’Etat sont bien tenues. Dans un contexte de flambée des prix de l’énergie et des denrées alimentaires, c’est une gageure que de présenter un déficit budgétaire de 4,5% (prévision 2011) et un endettement du Trésor de 50% du PIB. D’ailleurs, les comptes auraient même pu être excédentaires n’eût été la charge de compensation.
Surtout, il est important de noter qu’au cours de ces années de crise, le rythme de croissance de l’économie s’est maintenu. Le PIB aura progressé de 4,3% en moyenne annuelle entre 2007 et 2011. Plus révélateur, hormis le creux de 2009, le PIB non agricole maintient un palier de croissance qui tourne, bon an mal an, autour de 5% et le niveau du chômage reste cantonné à moins de 10%, même si on pourra débattre à souhait sur la qualité des emplois proposés et les niveaux de rémunération.
De fait, en poussant l’analyse plus finement, l’on se rend compte que des secteurs qui, dans les années 90, présentaient des résultats à forte variabilité, ont atteint une maturité qui leur permet d’afficher des performances régulières. On citera, par exemple, le tourisme, le BTP et l’immobilier, les finances, le textile, l’agro-industrie, le médicament, les télécoms, mais pas seulement.
Cela dit, et comme l’estime Bank Al-Maghrib, il faut aller plus loin pour franchir de nouveaux paliers de croissance et notamment à travers les exportations. Car, et il faut le dire, les deux tiers du PIB du Maroc d’aujourd’hui sont encore fournis par le marché intérieur. Autre raison de chercher la croissance par les exportations, le déséquilibre structurel de la balance des paiements.
De fait, le Maroc paie à la fois le prix de son ouverture avec une forte progression des importations de produits finis de consommation, la rançon de son développement qui lui impose de recourir à l’achat de plus en plus important de biens d’équipement à l’étranger et fait les frais de la conjoncture avec des matières premières trop coûteuses. Dans le même temps, la nature même de nos exportations change . En attestent les statistiques de l’Office des changes qui montrent que les produits d’équipement finis représentent actuellement 16% des exportations au lieu de 3,6% en 1990 et 6,1%, il y a dix ans. La mutation est lente mais semble irréversible.

Les nouveaux plans sectoriels au secours de la croissance

Mais il faut doper l’export encore et encore. Pour cela, les espoirs sont placés à la fois sur le nouveau Plan national de l’Emergence industrielle, la Vision 2020 pour le tourisme et le Plan Maroc Vert, entre autres. Pour le Plan Emergence, par exemple, les sept secteurs clés ciblés (offshoring, automobile, électronique, transformation des produits de la mer, aéronautique, textile et cuir, agroalimentaire) devraient représenter 70% de la croissance industrielle en 2015, doper la croissance annuelle du PIB de 1,6 point et créer 400 000 emplois.
En attendant, il faudra continuer à atténuer l’impact de la sortie de devises par le développement de l’existant à travers la recherche de nouveaux débouchés. Bonne nouvelle, en 2011, le tourisme devrait pour la première fois dépasser la barre des 60 milliards de DH de recettes.
En attendant aussi ce surplus de croissance, il faudra surveiller de près les finances publiques dont les indicateurs, à l’heure actuelle, nous valent des satisfecit d’organismes mondiaux. L’Etat s’est engagé à restreindre son train de vie tout en maintenant le niveau de l’investissement public. Il faudra sans doute plus et notamment se résoudre à abandonner la politique du soutien inconditionnel des prix du carburant, du sucre, du gaz et de la farine. Devant l’ampleur de la compensation, autre fragilité de l’économie marocaine, l’Etat devra se diriger vers une semi-vérité des prix et le ministre des finances ne dit pas autre chose...
 
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